le coup de pouce au Smic, l'évolution salariale


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le coup de pouce au Smic, l'évolution salariale 


"Comment faire pour qu'un salarié ne puisse connaître 10 années au Smic sans perspective de progression?" A cette question, posée par le ministre du Travail comme par les syndicats, la conférence sociale des 9 et 10 juillet pourrait esquisser une ébauche de réponse.

Au-delà du coup de pouce au Smic, entré en vigueur au 1er juillet (+2%, dont 1,4% au titre de l'inflation), les syndicats demandent qu'une réflexion soit menée sur les déroulements de carrière. Afin que ce salaire minimum (1.425,67 euros bruts mensuels pour un temps plein) ne reste pas l'unique horizon pour les 2,5 millions de smicards (un salarié sur dix).

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, l'a promis mardi: "la conférence sociale se penchera sur la question des bas salaires, de la progressivité des grilles salariales et de la progression des carrières".

Selon le groupe d'experts sur le Smic, 20% des travailleurs dont la rémunération est proche du salaire plancher ont une ancienneté de 10 ans ou plus dans leur entreprise. Si on fixe la barre à 5 ans, leur proportion grimpe à 40%.

Ces salariés sont le plus souvent des femmes, des ouvriers et des employés, depuis longtemps sur le marché du travail, selon la Dares. Seul un sur trois verra son salaire progresser avec le temps.

Un phénomène pointé par le ministre du Travail, Michel Sapin, pour lequel le problème "interroge" la "construction des grilles salariales".

Côté syndical, la revendication fait consensus. Pour le leader de la CFDT, François Chérèque, il faut "réétudier l'utilisation des aides sur les bas salaires" et les cibler sur "les entreprises qui permettent à leurs salariés de sortir de la zone du Smic" grâce à des plans de carrière. Conditionnalité réclamée également par la CGT, FO ou encore l'Unsa.

Des trappes à bas salaires

Pour les syndicats, les exonérations sur les bas salaires, instaurées pour favoriser l'emploi des peu qualifiés et dégressives jusqu'à 1,6 Smic, entraînent des "trappes à bas salaires" et sont à l'origine d'un tassement général des grilles. En 2010, elles ont coûté près de 21 milliards à l'Etat.

"C'est au patronat d'organiser les déroulements de carrière dans toutes les branches (un millier au total), afin que le Smic reste un salaire de départ pour les salariés non qualifiés", estime Pascal Debay, de la CGT.

En réponse, Laurence Parisot propose de "travailler sur les trajectoires" afin "qu'un salarié au Smic y reste le moins longtemps possible". Parmi les pistes envisagées par le Medef, un "entretien d'évaluation pouvant déboucher sur une formation, une réorientation, permettant ensuite d'étudier une évolution salariale".

A la CGPME, dont le secteur concentre le gros des bataillons de smicards (un salarié sur quatre dans les entreprises de moins de 10 personnes), on met aussi l'accent sur la formation. "Si le salarié n'acquiert pas une compétence, il ne sera pas augmenté", argumente Geneviève Roy. "Dans les petites entreprises, la logique de carrière est compliquée, vous ne deviendrez pas patron à la place du patron...", poursuit Mme Roy.

Pour le président du groupe d'experts sur le Smic, c'est dans l'autre sens qu'il faut prendre le problème. "Tant que le Smic sera aussi élevé par rapport au salaire moyen - deux tiers, un record dans la zone OCDE -, vous n'aurez pas de carrière pour les gens d'en bas", estime Paul Champsaur.

"Pour créer des carrières salariales, il faudra que le Smic baisse", juge l'économiste, tout en admettant que l'hypothèse reste "compliquée sur le plan politique". Mais au-delà de la rémunération, experts et syndicats s'accordent sur un point: la question du temps de travail est aussi cruciale pour le pouvoir d'achat. En 2010, selon l'Insee, 4,5 millions de personnes travaillaient à temps partiel, dont 900.000 de manière "subie".
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